Catégorie : Expertise
Partager Array

Lorsqu’on veut améliorer le bien-être des jeunes, notre réflexe est souvent de développer des solutions en misant sur le milieu scolaire. C’est le milieu idéal si l’on souhaite rejoindre le plus grand nombre d’enfants et d’adolescent·es possible. Bien que la mise en place d’initiatives dans les écoles puisse avoir un impact tangible, elle s’accompagne aussi de multiples défis.

Les milieux scolaires sont des environnements riches et complexes. De nombreux acteurs clés ayant des objectifs et des intérêts divergents s’y retrouvent : direction, enseignant·es, professionnel·les, élèves, parents, organismes externes, etc. Ces acteurs clés sont généralement bombardés de demandes et de propositions au quotidien. De plus, ils doivent jongler avec une multitude de contraintes : temps limité, ressources humaines et financières restreintes, culture institutionnelle réfractaire au changement, etc.

Nous avons compris que pour naviguer dans cette complexité, certaines pratiques se révèlent particulièrement efficaces. Au fil des ans, nous avons accompagné de nombreux porteurs de projets qui ont implanté des initiatives dans les écoles primaires ou secondaires. Ces expériences ont façonné notre compréhension des conditions essentielles pour qu’un projet trouve réellement sa place et génère des changements durables dans les écoles.

À la clé de nos apprentissages, on vous propose ainsi quatre ingrédients essentiels pour implanter une initiative ou un programme en milieu scolaire, et ainsi, favoriser un changement de comportement chez les jeunes.

 

1. Bien comprendre le contexte de l’école dans laquelle on souhaite implanter un programme

Avant même de proposer une activité, il est crucial de bien comprendre le contexte et les priorités de l’école. Il importe de faire preuve de curiosité et d’arriver préparé·e. Quels sont les programmes qui existent déjà ? Quels intervenant·es ou professionnel·les travaillent déjà auprès des élèves ? Quels événements figurent au calendrier des prochains mois ? Quels défis spécifiques mobilisent l’école actuellement ?

Idéalement, avant d’approcher une école, il est important d’avoir un portrait de la communauté qu’elle dessert.

 

Quelques astuces pour comprendre le contexte de l’école

  • Consulter le site web de l’école pour se familiariser avec sa mission, ses projets et ses particularités.
  • Prendre contact avec une personne-ressource dans le quartier (comme un·e agent·e de planification, de programmation et de recherche ou un·e organisateur·trice communautaire).
  • Vérifier s’il existe un portrait sociodémographique du quartier ainsi qu’une liste des ressources communautaires et municipales dans le quartier où se trouve l’école.
  • Adopter le vocabulaire de l’école pour favoriser une compréhension commune (dans notre documentation, entre autres).

 

2. Déterminer qui sont nos allié·es pour implanter le programme en milieu scolaire

Il ne faut jamais sous-estimer l’importance du relationnel quand vient le temps de mettre en œuvre un projet. Ainsi, développer un lien de confiance authentique avec un ou plusieurs membres de l’équipe-école peut nous permettre de maximiser notre impact. Concrètement, ces personnes clés peuvent nous faciliter l’accès à certaines ressources (installations, direction, etc.), nous aider à mobiliser les participant·es et nous fournir de la rétroaction en continu.

Nos allié·es sont aussi très précieux pour nous aider à comprendre la culture organisationnelle en place. Ils peuvent, par exemple, nous aider à identifier les croyances et/ou les fausses croyances auxquelles les intervenants de l’école adhèrent. L’ambiance de l’école, ainsi que les forces et faiblesses existantes, dicteront le cadre dans lequel devront évoluer nos actions. Sans nos allié·es, il devient très difficile de bien le définir.

 

Quelques astuces pour trouver des allié·es dans le milieu scolaire visé

  • Aligner nos objectifs avec ceux des intervenant·es déjà en place afin que nos initiatives puissent se soutenir mutuellement.
  • Prendre en compte les contraintes d’une manière bienveillante dès la phase de planification. C’est-à-dire prendre soin du contexte particulier en étant ouvert à adapter notre rythme, nos actions, nos idées.
  • Valoriser en continu les bonnes pratiques, les initiatives existantes et surtout le travail incroyable de l’équipe-école.

 

3. Établir clairement les rôles et responsabilités avec l’équipe de l’école

Une implantation réussie repose sur des rôles et responsabilités clairs. Par exemple, il faut se poser les questions suivantes : qui prend le leadership, qui s’occupe de la logistique, quel est le budget, qui assure le suivi après la fin du projet ? Ces rôles et responsabilités doivent être clarifiés non seulement avec les personnes-ressources qui collaborent directement avec vous dans le quotidien, mais aussi avec la direction de l’école.

Il faut que toutes les parties prenantes comprennent l’intention, le plan d’action ainsi que les résultats visés de l’initiative. Il ne faut pas hésiter à développer et à partager des documents à ce sujet, tout en s’assurant qu’ils soient mis à jour régulièrement. Cette quête de clarté vous permettra d’éviter de créer des attentes irréalistes (pour vous-même et pour l’équipe de l’école) et de gérer les besoins évolutifs en cours de route.

 

Quelques astuces pour définir clairement le rôle des parties prenantes

  • Réaffirmer régulièrement les rôles et les ajuster rapidement si nécessaire.
  • Prévoir des moments dédiés aux questions et clarifications ; ne jamais assumer que tout est clair pour tout le monde.
  • Penser à la fin du projet dès le départ : comment assurer sa continuité ou sa transition ?

 

4. Documenter les résultats et s’évaluer pour mieux s’adapter

L’engouement pour l’évaluation est de plus en plus présent dans nos réseaux. Toutefois, les processus proposés peuvent paraître lourds ou complexes à mettre en œuvre.

Il est pertinent de revenir à l’essentiel afin de se souvenir que la réelle plus-value de l’évaluation est d’apprendre et de s’ajuster en temps réel. L’évaluation ne sert pas seulement à rendre des comptes à notre organisation ou à nos bailleurs de fonds. Elle peut soutenir la remise en question, l’amélioration de nos pratiques et même potentiellement l’appropriation de notre initiative par l’école. Ainsi, il faut développer des stratégies et des outils en ce sens.

 

Quelques astuces pour documenter et mesurer les résultats du projet

  • Définir les indicateurs en collaboration avec les allié·es de l’école.
  • Choisir des outils d’évaluation simples, réalistes et utiles.
  • Tenir un journal de bord qui permet de garder une trace des changements, des apprentissages et surtout des impacts imprévus.

 

En conclusion, le milieu scolaire est un terreau fertile pour la mise en œuvre de projets et d’initiatives pour améliorer la qualité de vie des jeunes. Il faut bien se préparer avant d’approcher les écoles, créer des relations de confiance avec les équipes internes, être clair quant au cadre du projet et entretenir notre capacité d’adaptation grâce à l’évaluation. En misant sur ces quatre ingrédients essentiels, vous aurez déjà une longueur d’avance pour bâtir des initiatives qui s’arriment aux réalités du milieu et qui peuvent réellement avoir un impact sur le bien-être des jeunes.

 

Cet article a été rédigé en collaboration avec Équilibre (qui implante le Programme Bien dans sa tête, bien dans sa peau dans les écoles).